Un Automne À Tanger
Lui, sous la pluie d'un automne à Tanger
Lui qui poursuit son puzzle déglingué
Lui, dans sa nuit d'un automne à Tanger
Lui qui détruit son ombre inachevée.
Nous venions du soleil comme des goélands
Les yeux fardés de ciel et la queue dans le vent
Mais nous nous sommes perdus sous le joug des terriens
Dans ces rades et ces rues réservés aux pingouins.
Lui, sous la pluie d'un automne à Tanger
Lui qui poursuit son puzzle déglingué.
Les vagues mouraient, blessées, à la marée sans lune
En venant féconder le ventre des lagunes
Et nos corps écorchés s'immolaient en riant
Sous les embruns glacés d'une chambre océan.
Lui, dans sa nuit d'un automne à Tanger
Lui qui détruit son ombre inachevée.
D'ivresse en arrogance, je reste et je survis
Sans doute par élégance, peut-être par courtoisie
Mais j'devrais me cacher et parler à personne
Et ne plus fréquenter les miroirs autochtones.
Lui, sous la pluie d'un automne à Tanger
Lui qui poursuit son puzzle déglingué
Lui, dans sa nuit d'un automne à Tanger
Lui qui détruit son ombre inachevée.