Regrets d’une punaise
Te rappelles-tu, Berthe
Nos belles messes d’antan ?
Elles ont changé, certes
Depuis quinze printemps
Il y avait de l’ambiance
Des cierges, des chapeaux
On faisait les réponses
On n’y comprenait pas un mot
On disait la messe en latin
Ça avait une autre gueule, c’est certain
Il y avait des cantiques
On pouvait se défouler
Mais avec leur musique
On n’ s’entend plus chanter
Leurs guitares, leurs trombones
Ont tellement fait vibrer
Ce pauvre saint Antoine
Qu’il ne peut plus rien retrouver
Ah ! Rendez-nous notre harmonium
Ça avait du style et ça berçait les hommes
Quand ils montaient en chaire
Pour nous lire leur sermon
Le curé, le vicaire
Au moins, mettaient le ton
Aujourd’hui, quelle honte
Ils parlent comme vous et moi
Et même ils vous racontent
Des histoires ! Ça a l’air de quoi ?
Rendez-nous nos prédicateurs
Ils parlaient du diable et ça nous faisait peur
Moi, j’aimais les soutanes
Avec tous leurs p’tits boutons
Ça faisait moins profane
Que ces complets vestons
Moi, je les trouve moches
Ils ne font plus rêver
Et quand on les approche
On ne pense plus au péché
Dans leurs soutanes, ils étaient beaux
Mais ils sont minables avec leurs polos
Il parait même, Berthe
Qu’ils voudraient se marier !
Moi, cette découverte
M’a toute retournée
C’est maintenant qu’ils y pensent
Et nous qui sommes casées
Nous n’aurons plus la chance
D’être des femmes de curés
Quand je pense au mal que j’ai eu
Pour piéger le sacristain ! Si j’avais su !
Mon Dieu, rendez-nous nos curés
Alors les punaises seront bien gardées