2Taf vs. Dam’s
[Paroles de "2Taf vs. Dam's"]
[Round 1 : Dam's]
Tu manques de cohérence quand tu joues l'caïd comme Booba, Rohff
T'habites à Montélimar, la lavande, le nougat, gros
Montélimar : quelle sale bourgade, le seul village de toute la Drôme
Pour aller chez lui, tu vas tout droit, quand t'es perdu, tu tournes à gauche
Mon village bodybag ton village parce que, chez toi, y a pas Internet
Quand tu ramènes une meuf, le soir, c'est belote and chill
Après dix ans d'entraînement, ils ont appris la semaine dernière
Qu'il y avait plus de course de chars aux Jeux olympiques
Quand t'as passé l'permis, t'as acheté une Mustang, t'as collé un A sur l'cul d'un cheval, mais tu m'étonnes
Dans ton bled, y a pas d'voiture, y a des passages piétons sur les rues piétonnes
Mais, à t'écouter, chez toi, même les gosses sont équipés avec des lance-missiles
Ouais mais, chez moi, y a l'eau, l'électricité et du dentifrice
Toi, toi, t'as eu le culot de parler sur les dents d'Saint Soul ? Saltimbanque
V'là l'bain d'sang, j'en perds trois tympans, j'peux pas laisser passer ça, comme une Fiat 500
Tu manques de cohérence ; tes chicots à toi, on dirait des crottes de nez, sale fou
Dis-moi, pendant l'enfance, tu suçais ton pouce ou un dé à coudre ?
Noire, verte, jaune ou orange, la couleur de tes dents est une affaire de contraste
Un travail de longue haleine pour effacer cette haleine de longue date
Tu souris à la vie mais, la vie, elle, elle préférerait qu'vous restiez amis, t'as vraiment pas une tête de vainqueur
Dans l'gang des p'tites souris, quand tu perdais une dent d'lait, elles envoyaient Maître Splinter
Un jour, j'étais parti en vacances sur Nice, en train d'bronzer, les pieds dans le sable
Et, là, j'vois un requin qui s'pavane avec un collier en dent d'2Taf
Deux aphtes, laisse tomber le fil dentaire, dans ton cas, y a besoin d'une corde de rappel
Si tes dents subissent l'enfer, j'imagine pas le reste du corps, le calvaire
Prends une éponge, du côté vert, hein, et frotte un grand coup
Acétone, lime à bois, ça coûte rien d'essayer
Nous, quand on était p'tits, on avait peur du grand méchant loup
Lui, il avait peur du P'tit Marseillais
Nous, quand on était gosses, on avait peur du monstre sous le lit, c'était trash
Mais lui non, mais, p'tite pétasse
Si, le monstre, il sortait pas de sous ton lit très sale
C'est parce que c'est lui qui avait peur qu'il y ait tes pieds qui dépassent
[Round 1 : 2Taf]
À ton premier battle, t'as balisé, j'ai pas vibré
Tu t'es perdu malgré qu'le chemin soit balisé
Comme un ado, c'est d'façon précoce que tu vas gicler
Ton premier battle était pas mal, à croire qu'c'est Saminem qui t'la dicté
Parce que t'arrives à copier son style à la virgule près, c'est très fort
Mais t'étais si concentré, qu'sans faire exprès, t'as copié même ses chokes
Ouais, là, j'dis qu'tu lui ressembles, et t'as l'air ravi, sans penser qu'c'est d'la triche
Il était à deux doigts d's'appeler "Sam's", encore une chance que c'était d'jà pris
Faut qu't'atterrisses, c'est juste parce que tu fais partie du ROAR qu'ils t'ont tant vendu
Ils ont dit qu't'étais Gary avec du charisme dans un live de trois heures où on t'a pas entendu
Pourtant, aujourd'hui, t'enchaînes les phases avec la cadence
Mais, dans la vraie vie, tu dis pas un mot si tu maîtrises pas l'contexte à l'avance
T'anticipes tout c'qui peut s'passer ; des lyrics, t'en as tant écrits
Mais si, d'un coup, j'te bouscule, tu paniques, vu qu'c'est pas inscrit dans tes fiches
Contre Crapaud, pareil, t'as fini par bafouiller avec l'assurance de Carla Bruni
Il a manqué d'respect à tous les chats d'la Terre, j'crois qu'le karma l'a puni
Car, d'un coup, c'était l'drame, tu choke, t'arrives plus à repartir, ça choque tout l'monde
T'inquiète, moi, j'vais t'aider à repartir, mais pour de bon
Car, en vrai, les chokes, ça arrive
Mais, toi, tu t'souviens d'ton texte, juste t'arrives pas à l'dire
Le pire, c'est qu't'as répété ça des heures ; t'arrives sur scène, t'es trop chaud
Moi, j'dis qu'ton corps, il réagit comme ça parce qu'il assume pas tes propos
Et, vu tout c'que tu m'as dit en privé, j'comprends qu'les autres te détestent
Faut dire qu't'as moins d'mal à balancer tes potes que tes textes
Et, si j'souligne tout ça, c'est pas pour t'faire flipper
Mais, les faux MC, c'est comme les trucs que j'commence : j'essaie d'les terminer
Donc profite de ton quart d'heure de gloire car, après c'battle, on va t'oublier
Non, vraiment, on va éteindre les lumières, on va fermer la salle, on va t'oublier
[Round 2 : Dam's]
T'as appelé ton groupe "Le Fond d'la Classe"
Et tu vas dans des lycées donner des cours d'écriture, à quel moment tu t'es dit : "C'est bon, ça passe" ?
C'est l'hôpital qui s'fout d'la charité, ton acné qui s'moque du mien, Marine le Pen qui s'fout de La Guêpe
Est-ce que tu penses que, moi, j'vais sur l'terrain donner des cours de basket ?
Non, tu manques de cohérence, mais pas plus que tes potes qui trouvent l'idée crédible
Dites-vous qu'dans son groupe, ils sont six, et c'est lui l'cerveau d'l'équipe
Donc voilà Le Fond d'la Classe, "on est validés par ATK, c'est peu dire" : wow, ça va, les chevilles ?
Puis ça fait quarante ans qu'on entend parler d'ce groupe : ça va, les genoux ?
Vieille branche, t'es dans la force de l'âge... de pierre
Pour avoir ton quart d'heure de gloire, il t'a fallu un quart de siècle
T'affrontes que des rookies depuis qu't'as l'art de perdre
J'déterre Excalibur pendant qu't'enterres la hache de guerre
T'as un pied dans la tombe, c'est évident qu'tu m'arrives pas à la cheville
Tu t'moques de JDM qui a un nom à trois lettres, ta gueule, t'as un âge à trois chiffres
T'étais là au premier concert de Jacques Brel, Ray Charles puis Led Zeppelin et The Clash
T'as vécu la séparation des Beatles, Téléphone, la séparation de l'Église et d'l'État
Bref, t'as tout connu, tu fais pas d'l'art, tu fais d'l'arthrite, tu fais pas d'l'art, tu fais d'l'arthrose
Voilà c'qui m'donne une bonne raison d'le faire
Tu voulais signer en maison d'disque mais t'as signé en maison close
Et, là, j't'envoie en maison d'retraite
Tu manques de cohérence parce que, dans l'fond, t'es pas si vieux mais t'es bloqué dans l'passé, change de vinyle, t'en as fait l'tour
Tu t'habilles comme si t'avais la moitié d'ton âge mais tu parles comme si t'en avais l'double
La boucle est bouclée, le même schéma qui s'répète
Tu bâches la génération qui t'suit comme tu t'es fait bâcher par celle qui t'précède
J'affronte Sacha, le sage, le moralisateur qui donne un sens à ta vie
Toi, ça fait quarante ans qu't'as la même vie d'merde, tu donnes l'exemple à pas suivre
2Taf, tu radotes, tu gaves
Oui, t'as connu l'âge d'or du rap, ça m'empêche pas d'amener des bars
J'me lance comme dans 300 même si j'suis pas sûr de l'enjeu
Toi, t'es bloqué en quatre-vingt-onze pendant qu'moi j'apporte plus de sang neuf
[Round 2 : 2Taf]
T'es arrivé dans l'but de mettre tout l'monde d'accord
Bah c'est bon, t'es une merde : on est tous d'accord
Moi, j'vais t'déconstruire, même si t'as pas d'tuile et qu't'es en travaux
Ma p'tite crevette, si j't'arrache la tête, t'es dans la sauce
T'es ni un chat ni un crapaud : là-dessus, y a pas d'débat
T'es bien l'fils de ton père et, d'après moi, les chiennes ne font pas des chats
D'ailleurs, avec sa nouvelle baguette, Maadou s'prend pour un magicien, mais j'crois pas qu'ça marche
Tu lui demandes un bête d'MC et "t'as Dam", drôle de farce
Car, des phases originales, t'en as pas des tas, Dam ; moi, j'ai pas d'état d'âme
J't'éclate très sale, et ça sans même parler d'ta dame
Ouais, c'est à deux qu'on fait c'truc, donc me parle pas mal
J'suis la rue, t'es ma pute : j'suis le mac à Dam
Ouais, celle-là, j'peux la refaire, j'éclate son MacBook à terre, même si j'admets qu'c'est lâche
Mais faut qu'j'écrase le Mac à Dam pour qu'il comprenne qu'on n'a pas la même démarche
Car, dans c'battle, j'suis ton père et t'es l'apprenti
Donc, si j'fais des lignes sur ta tête, tu vas juste réaliser qu't'as pas grandi
Et, si tu crois qu'j'ai besoin d'dossiers pour te battre, tu vas perdre la bataille
À la rigueur, c'est toi qu'as besoin d'monter un dossier, juste pour être à ma taille
De là où t'es, on t'calcule pas, c'est une posture pas drôle
Tes lèvres bougent mais j'entends rien, vu qu't'as aucune parole
Chaque fois qu'une barre sort de ta bouche, ça peut plaire qu'aux hommes
T'as encore plus une bouche à pipe que celle de Sherlock Holmes
Alors que, moi, toutes mes lignes font vibrer, comme une basse
Toi, forcément, t'es pas commode, vu qu'on t'prend sur la commode, comme une tasse
Et arrête de dire "Dam's", tu t'appelles pas "Damsien", donc pourquoi ça finit par "s" ?
T'essayes de "couper court", comme les battles de Dony ? Parce que, ça aussi, ça finit par Res
Mais, moi, j'suis pas Res donc, si j't'agresse, c'est pas avec une bombe de peinture
Regarde les choses en face : tu veux marcher sur mes traces mais, vu ta démarche, j'crois qu'tu t'trompes de pointure
[Round 3 : Dam's]
Il est temps d'raccrocher
Déjà y a trente ans, t'aurais dû raccrocher
Les gants pour l'école ; pour ma part, il est temps pour éclore
Les atouts s'arrêtent là où commence tout défaut
Moi, j'ai pas à choisir entre le sens ou les formes
Encore un ancien qui respecte pas les jeunes, cette tantouze est d'trop
T'es vieux avant l'âge ; nous, on vient renflouer l'coffre
J'te sens sous l'effort, en sang sous les cordes
Ce soir, t'es comme Macron pour les gilets jaunes : en gros, tu vas prendre pour les autres
Tu manques de cohérence ; fillers, pattern, flow, bars, t'en avais R à péter avant ton arrêt au ROAR
Tu parles d'avoir son propre style, s'accaparer son art
Mais, pour garder équilibre, tu t'es forcé à t'mettre aux bars
Tu manques de cohérence quand t'accuses Marti d'être sous came, grande vipère, laisse-moi vite rebondir
La drogue, c'est comme pour les femmes : toi, tu crackes en cuillère, on n'a pas la même ligne de conduite
Tu manques de cohérence quand tu dis qu't'aimes pas les phases de eins-s' après en avoir fait une énième blague
Comme ta femme qui t'retrouve à boire dans la salle de bain, tu nous jures qu'c'est la dernière fois
Tu manques de cohérence, et parlons cash d'une inscription aux Anonymes
Si t'avais pas d'autres défauts, j't'enverrais des wagons-bars pour ton train d'vie d'alcoolique
Tu manques de cohérence, de tolérance, de portée, d'sens, de flow et d'angles
Tu manques de bol et d'dents, de trop d'exemples, de corde et d'cran, le mot est franc
T'es tombé sur un os, 2Taf ; au troisième couplet, j'te dis mes quatre vérités en face
J'ai pas d'leçon à recevoir d'un chômeur dont l'groupe s'appelle "Le Fond d'la Classe"
T'as rien à m'apprendre sur la vie, rayons c'connard
À vingt ans, j'ai plus de taf que toi au compteur, c'est mes impôts qui payent ton chômage
T'as rien à m'apprendre en battle ; oui, j'ai débuté en face-cam, dans l'fond, j'me dis : "Sois-en grave fier"
Mon premier battle sur scène, c'est l'premier battle du ROAR, j'ai fait en trois couplets c'que, toi, t'as fait en trois ans d'carrière
Ce soir, tu vas tomber, et ce malgré ton armature
C'est toi l'Chinois, pourtant, ce soir, c'est moi qui fais d'l'ombre au mur
Fini la récréation, on assiste à ta chute et à ma révélation
Pour une fois, tu prends ta claque de vérité : ça, c'est l'choc des générations
Pour résumer, si tu veux clamer la vérité entre quatre yeux, commence par te regarder dans un miroir, en fait
La morale de l'histoire, c'est qu'2Taf c'est un ancien ; moralité : 2Taf, c'est d'l'histoire ancienne
[Round 3 : 2Taf]
Bon, alors, maintenant, j'vais t'expliquer pourquoi, ici, t'es admis d'office
Comme les premiers skieurs, nous, on a dû s'frayer des routes ; toi, t'avais plus qu'à suivre nos lignes
Moi, pendant ses lignes : "C'est bizarre, j'ai l'impression qu'il a l'flow à d'autres"
Lui, pendant mes lignes : "Cette technique est intéressante, il faut qu'j'la note"
Yo, c'est pas d'l'originalité qu't'as rapporté, fais pas l'parolier
Tu t'es tellement inspiré des anciens qu't'as fini par nous parodier
T'es l'genre de gamin qu'on trolle avec deux doigts, t'as un bon flow mais on connaît
Car t'es l'genre de gamin qui "control" avec deux doigts : "Control C/Control V"
Et t'as raison : moi, j'suis loin d'être parfait, mais j'ai fait pour toi c'que ferait chaque frère
Car, quand l'aîné fait des conneries, c'est pour montrer au p'tit c'qu'il faut pas faire
Et, c'est vrai, j'ai pas eu d'aussi bons débuts qu'toi ; au départ, j'ai pris mes marques
J'avais ni les bars ni l'flow du ROAR, vu qu'tout ça, ça n'existait pas
À l'époque, quand on clashait un adversaire, c'était pour qu'sa tête se baisse
Aujourd'hui, plus les références sont pointues, moins elles te blessent
C'est à celui qui fera la rime la plus longue, à celui qui citera l'plus de noms
Dans tes jeux d'mots, y a plein d'sens : dommage, il manque juste le bon
Car, en vrai, une bonne bars au bon moment, c'est d'la bombe mais, avec toi, c'est gonflant
Il suffit qu'il y ait deux sens dans l'même assemblage de mots et t'es content
Moi, j'voulais montrer ma façon d'penser et d'faire, la sensation d'être au-dessus à la clef
Aujourd'hui, j'suis face à un mioche dans un concours de jeux d'mots et, le pire, c'est qu'tu vas gagner
Mais continue d'croire que t'es pas un mouton qui suit l'berger
Moi, j'te crache dessus, comme un détenu, c'est ma seule façon d'me libérer
Car, là, j'me sens de nouveau lassé, déjà, j'trouve qu'on nous vole assez
Donc j'mets à genoux vos nouveaux jusqu'à c'qu'ils nouent vos lacets
En clair, j'crois qu'c'est assez, remercie l'passé
Et, si tu crois qu'j'te tue maintenant, sache qu'au contraire, j't'éduque à temps
C'est humiliant, tu trouves ça chiant, mais tu comprendras quand tu seras grand