Les Fées Mères

J'ai passé l'heure de me coucher
Reste à savoir ce que j'vais faire de ma nuit
J'me rappelle d'une vie que je coursais
Le présent me plaît mais j'préfère la suite
Pourquoi ce jeu serait tant dangereux ?
C'est comme si je perdais sans enjeu
J'aperçois mon cadavre que j'enjambe
Mais j'observe que les pixels dans le champ de vision
Comme si j'partais en mission
Je rêve plus que d'être un demi-dieu
Quitte à rayer ce qui me reste d'amitié
Incomplet comme la demi-lune
Mais vous êtes des milliers à m'épier
Ça devient machinal, j'm'entraîne à prendre racine
C'est pas si mal, vu comment on nous bassine
Interminables sont ces nuits qui me fascinent
Et pas si noires
J'crois en tant de choses en lesquelles j'croyais pas hier
J'ai peur de dire vrai dans ce cahier
L'âme pensante et le cœur en sang
Lame en cendre, quelques peurs entrantes
Les heures passent sans que j'guette ma montre
J'ai des idées qui seraient peut-être marrantes
C'est décidé, j'ai aucune garantie
Mais j'vais faire ce que j'veux, voir comment ça rend
Juste voir comment ça rentre dans la tête
Est-ce que c'est mieux si c'est bête ?
Ça passera pas dans les fêtes, certes
Rares sont les choses que j'apprécie
Toujours pas comblé l'appétit
C'est long de devenir précis
Même lorsque rien n'est précieux
N'est plus précieux ce qui déçoit
Plutôt perdre une journée que jeter le soir
À force de parler, j'ai très soif
C'est presque prêt, plus que le dressage
Qui pourrait contester après ça ?
Les deux yeux qui se ferment et la conscience qui s'élève
Quand je fixe pas les siens, c'est pour mieux sentir ses lèvres
J'écris avec ce qui m'entoure
Si j'arrête c'est qu'ils m'ont tout pris
J'attends seulement mon tour
Que j'verrai pas comme celui d'une toupie
J'sens tous mes rêves s'élever
Sous un ciel rosé
J'prends la vie du bon côté de l'équateur
Certains n'ont pas d'eau, d'autres pas de rendez-vous chez le coiffeur
Tu commences à comprendre pourquoi j'écris ?
J'veux dire plein de choses mais j'capte rien
Moi j'ai rien fait, j'ai tout décrit
J'me comporte juste comme un terrien
La magie n'opère qu'avec les fées mères
Donc si je fais mon temps, je le défais même