ET MON PERE
Et mon père
1. Quand vous dan-siez, en ce temps-là
Pas be-soin de pé-dal' wa wa
C'était pas la bos-sa no-va
Mais ça re-mu-ait bien dé-jà
Les cav's é-taient pro-fon-des
Et la ron-de
Ne s'ar-rê-tait pas
Un vieux pia-no bas-trin-gue
Et les din-gues
Tour-noy-aient dé-jà
Mais Ju-liett' a-vait en-cor' son-nez
A-ra-gon n'é-tait pas un mi-net
Sartr' é-tait dé-jà bien en-ga-gé
Au Ca-fé de Flor' y'a-vait dé-jà des fol-les
Et mon pèr' ve-nait de dé-bar-quer
Il han-tait dé-jà les bou-ti-quiers
Dans sa chambr' on cro-quait du ca-fé
Il i-gno-rait qu'un jour j'en par-le-rais
2. Quand vous flir-tiez en ce temps-là
Vous vous tou-chiez du bout des doigts
La pil-lu-le n'e-xis-tait pas
Fal-lait pas jouer à ces jeux-là
Vous vous di-siez "je t'ai-me"
Par-fois mê-me
Vous fai-siez l'a-mour
Au-jourd'hui deux sa-la-des
Trois ti-ra-des
Et c'est l'affair' qui court
L'oncl' A-dolph s'é-tait dé-jà flin-gué
Son E-va l'a-vait ac-com-pa-gné
Des fois qu'il au-rait vou-lu dra-guer
Qui sait si, là-haut, il n'y a pas de fol-les
Et mon per' al-lait bien-tôt plan-ter
Cet-te grain' qui al-lait lui don-ner
Ce dé-bil' qui es-saie de chan-ter
Il i-gno-rait que vien-draient mes ca-dets
3. Quand vous chantiez en ce temps-là,
L'argent ne faisait pas la loi.
Les hit parades n'existaient pas,
Du moins, ils n'étaient pas de poids.
Tu mettais des semaines
Et des semaines,
Parfois des années.
Si t'avais pas de tripes,
Ta boutique, eux,
Pouvaient la fermer
Et Trenet avait mis des années,
Brassens commençait à emballer
Et Bécaud astiquait son clavier.
Monsieur Brel ne parlait pas encore des folles
Et mon père venait de débarquer
Là où restait quelque humanité,
Là où les gens savaient encore parler
De l'avenir... même s'ils sont fatigués.
Et Juliette avait encore son nez,
Aragon n'était pas un minet.
Sartre était déjà bien engagé.
Au Café de Flore, y avait déjà des folles
Et mon père venait de débarquer
Là où restait quelque humanité,
Là où les gens savaient encore parler
De l'avenir... même s'ils sont fatigués.