Le Vieux Marin

La mer est allée chercher fortune
Là­-bas sous les jupons de la Lune
Et moi qui ne suis qu’un pauvre oiseau
Mouette ou goéland gigolo

J’ai mon tabac
J’ suis d’ la Sécurité
J’ biche

Je crie qu’elle revienne bientôt
Mouiller tous ces calmes matelots
Figés dans leur statut de bateaux
Tout gris de la marée de tantôt

J’ paie pas d’impôts
L’hiver j’ mets mon chandail
J’ fous rien

La vie c’est comm’ la mer retirée
Au loin comm’ lе dit l’ calendrier
Vraiment y aurait dе quoi bien s’ marrer
Petit si ell’ n’ revenait jamais partout

J’ mange pas d’ poisson
Vu qu’ c’est lourd pour mézigue
J’ suis bien

Partout parmi les algue(s) et le sable
Il y a un tout petit de coin de table
Et toi qui n’es pourtant pas méchant
Tu troues des coquillages enfants

Quand j’embarquais
J’avais mon lit’ de rhum
J’ buvais

Ton cœur c’est comme un’ vague indomptée
Qui plie sous le chagrin d’une fée
Qui fait une scène au vent du Nord
Qui sort avec un’ voil’ loin du port

Quand j’ partirai
J’ mettrai mon duffle­-coat
Mazette !

Et là dans un café d’horizon
Tu bois quelques coups à ta façon
Et verses une ou deux larmes d’écume
Et plumes un’ voil’ de plus dans la brume

Et c’ bon dieu d’ merde
Qui m’ laiss’ pourrir à terre
Salaud !