La perruque
Je me souviens seulement qu'elle t'allait à ravir
On ne devinait rien, et surtout pas l'av'nir
On ne se doutait pas à sa belle couleur
Entre les mèches brunes aux reflets de pudeur
Que c'était un couperet qui pesait sur ta nuque
Ta perruque
Peut-être aurais-je aimé que ce soit à l'envers
À moi le grand trou noir, et à toi le désert
À toi les lendemains sur des sables mouvants
Le sentiment coupable de n'être que vivant
À moi comme une insulte, la pitié qui r'luque
Ma perruque
Un matin j'oublierai d'avoir les larmes aux yeux
Je me réveillerai de ce long deuil sans Dieu
Je me consolerai avec le temps qui passe
Le vent qui désapprend, et la mer qui efface
Ton regard, ton visage est tout aussi caducs
Ta perruque
De toi je ne voulais rien et je n'ai rien gardé
Ce n'est que dans le cœur qu'on dresse les mausolées
Pourtant, je sais déjà le sale coup de poignard
Quand je retrouverai tout à fait par hasard
Une pauvre relique parmi mille autres trucs
Ta perruque
Au détour d'une allée, d'un de ces cimetières
Dont on pousse la grille pour songer aux mystères
Qui font de nos amours, des amours impossibles
Je finirai par mettre sur la tête impassible
D'une pleureuse de pieuvre, ou d'un ange de stuc
Ta perruque