Barcelone
Petit Joe traîne sur le port de Barcelone
Il a veillé toute la nuit, c'est normal qu'il reconnaisse plus personne
Au-dessus de la ville, il voit monter les fumées
Le trottoir est un miroir mais Petit Joe veut pas s'regarder
Tout tangue, il a du plomb sur la langue
Dans la chaleur de la nuit, petit Joe vient guetter l'amnésie
Soudain y a le poids d'une main qui se pose sur son dos
Une voix mystérieuse murmure, "seriez-vous le fameux Petit Joe, dis?"
C'est bien comme ça qu'on m'appelle, et puis
Vos nouvelles sont-elles cruelles?
La voix répond, "moi, je passais juste par là, j'arrivais plus à dormir"
"Et mes remords me faisaient gémir"
Depuis plus d'un an, je recherche Petit Joe
Pour une femme nommée Rita
Toi, t'as ce nom marqué dans ton dos
Sainte Rita, répond Petit Joe
J'me souviens qu'elle était belle, malgré son or et malgré ses perles
Tu sais, dit la voix, tes souvenirs sont ingrats
Je vois son ombre là-bas, tu devrais parler beaucoup plus bas
D'ailleurs
Si ma mémoire est toujours bonne, elle a
Souvent payé pour c'qu'on lui donne, écoute
Y a toujours un carillon qui résonne
Au-dessus du port de Barcelone
Même si son air est monotone
Il peut pas chanter pour personne
Y a toujours un carillon qui résonne
Au-dessus du port de Barcelone
Petit Joe, ça l'a tant troublé, cette histoire
Qu'il s'est tourné vers la voix, disant
Qu'est-ce qui me force à vous croire?
Vous m'étonnez, répondit l'autre
Et la cage où vous mettez vos souvenirs
A pourtant dû garder mon image
C'est vrai, dit Petit Joe, maintenant je sais qui vous êtes
Vous venez d'un rêve ancien, mais ma mémoire est pas toujours prête
Ces mots résonnent sous les arcades de la gare
Quand le train du matin siffle et la voix dit
"Moi, je crains d'être en retard", et puis
Quelqu'un vous attend dans cette salle, ici
Faudra pardonner le Bien comme le Mal
Petit Joe reste là, tout seul sur le quai
Sans même voir venir Rita, c'est à son parfum qu'il la reconnaît
Au-dessus du port, il regarde le téléphérique
Et la statue du marin qui montre encore du doigt l'Amérique
Rita s'est approchée d'un pas
Elle est venue des collines et sa voix lui murmure, "imagine"
Y a dans cette ville près des casernes de la garde
Un gorille blanc dans un zoo tout seul et ses deux yeux nous regardent
Joe dit
"Ta voix sonne toujours comme avant", et puis
J'ai rien su garder mais tout s'apprend
Y a toujours un carillon qui résonne
Au-dessus du port de Barcelone
Même si son air est monotone
Il peut pas chanter pour personne
Y a toujours un carillon qui résonne
Au-dessus du port de Barcelone