On n'a jamais l'hiver qu'on veut

C’est une chanson qu’j’ai composée
Pour une soirée dans les chantiers
Pour faire chanter la compagnée
Qui commençait à s’ennuyer
On était cinq tout seuls dans l’camp
Pis moi qui yeu disais tout l’temps
Faudrait quand même chanter un peu
On n’a jamais l’hiver qu’on veut

L’automne est beau, l’été, trop court
Le printemps dégèle les plaquebières
L’automne est beau, l’été, trop court
Le printemps dégèle les amours

Maintenant que vous avez saisi qu’il s’agit là d’une chanson
d’ambiance, entendons-nous: ambiance de chantier.

Bidon, Gazou, l’Thur pis Bidou
Bidon dormait, l’Thur était saoul
Bidou qui calculait ses sous
Faisait signer des I.O.U.
Là, l’Thur sacrait comme un païen
Il était l’seul qui y d’vait rien
Toujours gratter, tu viens gratteux
On n’a jamais les chums qu’on veut

L’automne est beau, l’été, trop court
Le printemps dégèle les plaquebières
L’automne est beau, l’été, trop court
Le printemps dégèle les amours

Maintenant que les personnages sont en quelque sorte campés,
admirons le raffinement de leurs propos.

Bidon rotait, ronflait, pétait
Là, c’est Gazou qui rouspétait:
Mets donc un filtre à tes moteurs
Le bruit ça passe, mais pas l’odeur
Tu pollutionnes l’environnement
T’es pire que trois gouvernements
Pis quand j’parle, au moins, slaque un peu
On n’a donc pas l’odeur qu’on veut

L’automne est beau, l’été, trop court
Le printemps dégèle les plaquebières
L’automne est beau, l’été, trop court
Le printemps dégèle les amours

Maintenant que vous connaissez l’amorce du drame, en voici
comme d’ordinaire l’inéluctable dénouement.

Si j’ai pas fini ma chanson
C’est rapport à la pollution
Mais le refrain, j’vous l’ai gardé
Vous l’entendrez dans des soirées
Quand y a ben du monde assemblé
Chanter ensemble, c’est se r’sembler
Chacun ressemble à qui i’ peut
On n’a jamais l’hiver qu’on veut

L’automne est beau, l’été, trop court
Le printemps dégèle les plaquebières
L’automne est beau, l’été, trop court
Le printemps dégèle les amours