Amoroso
Elle me demandait:
"Que deviennet les roses
Que je vois se flétrir et mourir?
Vont-elles au néant
Comme vont toutes choses?"
Et je lui répondis:
"Sur votre joue en fleur
Les roses, en mourant
Ont laissé leur couleur."
Elle me demandait
Pourquoi des violettes
Le tendre bleu pâlit
Si prématurément
Et je lui répondis
Que dans son œil charmant
Ces gentiles fleurettes
Avaient voulu laisser
Leur teinte que le temps
Ne saurait effacer
"Dis-moi pourquoi la brise
Qui nous grise
En été
Et souffle son haleine
Chaude de volupté
Cesse-t-elle, soudain
L'hiver, sa cantilène?"
Je lui dis : "Dans ta voix
J'entends de cet été
Toutes les harmonies
Infinies
Qui chantaient dans la plaine
Et murmuraient au bois."
"Hélas!" dit-elle enfin
Que n'ai-je la puissance!
Je voudrais arrêter le printemps
Dans son cours!"
Cher ange, ton sourire
Exquis d'adolescence
Est pour moi l'éternel
Mois de mai des amours!